Rencontre avec le kimono au musée du Quai Branly
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Le kimono, à la fois traditionnel et sensuel, est en ce moment-même mis à l’honneur au musée du Quai Branly Jacques Chirac. Présentée jusqu’au 28 mai, l’exposition nous emmène autant à la découverte de cette pièce, qu’à la rencontre de la culture japonaise. Le kimono dévoile, à travers ses plis, l’art de la teinture, de la broderie, mais aussi l’articulation d’une société à travers les époques et ses changements. Une pièce qui en dit beaucoup, symbole de tradition et de libération, mais également une iconographie visuelle, qui ne cesse d’inspirer les créateurs, mêmes actuels. Retour sur notre visite, avec une petite sélection de pièces à la clé.
Une rencontre privilégiée avec un art japonais
Aujourd’hui, je me suis évadée vers de lointaines contrées, face à ce froid que je rêvais d’échapper. C’est au musée du Quai Branly – Jacques Chirac que je me suis rendue, en direction du Japon, pour partir à la découverte du kimono et de son histoire, que je connaissais finalement très peu.
Souvent utilisé de nos jours comme une pièce homewear, en faisant partie de la gamme lingerie, nous portons également le vêtement l’été, dans une version kimono de plage. Ou bien encore, revisité dans une version plus courte, telle une veste reprenant ses plis emblématiques. L’autre aspect que nous lui associons est celui du vêtement traditionnel japonais, qui nous a été transmis notamment par des photographies, et plus majoritairement les films. Cependant, bien que tout le monde connaissent le kimono, par son apparence connue par tous les horizons, peu en connaissent vraiment son histoire, et l’évolution qu’il a eu.
C’est ainsi une plongée totale dans un autre univers qui m’a attendu au musée. Une déambulation de près de 2 heures, entre des kimonos plus somptueux les uns que les autres, des accessoires vestimentaires ou de beauté ornés de détails méticuleux, des œuvres peintes et recueils de dessins de kimono (hinagata), et d’autres éléments de mobilier et de décoration, qui mettent en lumière tout l’art et l’influence de la pièce nipponne. Plongés dans l’obscurité, nous sommes fascinés par les couleurs, motifs et inserts dorés qui s’emparent des tissus, le tout en poésie et délicatesse.
Nous vivons une rencontre avec la pièce en ayant le sentiment d’être privilégiés, tant la mode asiatique est peu représentée dans les expositions actuelles. Ce sont ainsi, les yeux écarquillés devant les étoffes, que nous découvrons comment la pièce a marqué l’histoire du Japon, mais également, comment l’histoire du Japon a fait évoluer la pièce.
C’est sur cette complémentarité et cette lecture en double sens que l’exposition puise toute sa richesse.
Le kimono : portrait d’une société à travers les époques
L’exposition a vu le jour grâce au travail des commissaires Anna Jackson et Josephine Rout, respectivement conservatrice en chef et conservatrice du département Asie au musée Victoria & Albert de Londres. Nous découvrons ainsi un mariage de pièces d’époque, provenant du musée londonien, ainsi que des trésors de collections privées et publics, des pièces de créateurs contemporains, et des kimonos conçus spécialement pour l’occasion.
Notre rencontre avec le kimono commence à l’ère Edo, vers 1603, où la pièce, qui signifie « la chose que l’on porte sur soi », est apparue sur le devant de la scène. Symbole de luxe et soulignant son rang social, le port de la pièce, principalement par les marchants, fut notamment mise en avant par les célébrités et courtisanes du début du 18ᵉ, appartenant au monde du divertissement et de l’érotisme d’Edo (Tokyo) que l’on nommait « le monde flottant ».
La seconde partie de la visite nous emmène fin 19ᵉ, à la période Meiji, marquant la fin du règne du Shogun (dirigeant militaire du pays). Un moment où la production s’est, d’une part, déplacée de Kyoto à Edo (Tokyo), et où le kimono s’est exporté au reste du monde, l’amenant vers une notoriété mondiale. Et propageant l’influence de la pièce même sur des vêtements d’intérieur ou éléments d’aménagement décoratifs (service à thé, vases…).
Nous terminons avec la période post seconde guerre mondiale, jusqu’à nos jours. Où le port du kimono s’est vu être restreint aux évènements d’ordre officiel. Et, où la pièce transite entre un rapport au passé et à la tradition, face à une utilisation plus modernisée dans la pop culture. Tant chez les créateurs de mode du monde entier, que dans des œuvres artistiques comme des films ou des événements musicaux.
Une histoire liée
Ce parcours nous permet de découvrir, d’une part, l’évolution de la pièce au fil des ans. Entre les coupes, les longueurs des manches, les couleurs, matières, techniques utilisées, les motifs et leur disposition, leurs inspirations et références (entre Conte d’Ise et le Dit du Genji), les styles, les tailles et ports de l’Obi (ceinture), l’accessoirisassion du kimono, les différentes couches… Nous observons toute l’histoire de la pièce sous un œil créatif, qui vient faire échos à une observation plus anthropologique.
En effet, l’évolution du kimono est indissociable de l’évolution même de la société. La pièce vient refléter les envies des classes de l’époque et leurs rapports intrinsèques. Mais aussi l’évolution et le déploiement de la mode dans les villes nipponnes. Les lois instaurées par le régime en place, et les influences des figures publiques. Le rapport des Japonais à la pièce, entre les occasions où la porter, et a qui elle était destinée… Le textile est venu s’accoutumer aux besoins et envies évolutives, tant du peuple nippon, que du reste du monde au fil des années.
Nous remontons ainsi le temps, passant d’une scène mettant en avant des marchants, en quête de nouvelles étoffes dans le quartier de Suruga cho, à une scène de mariage avec un échange de kimono et couleur. Nous vivons une immersion devant des scènes flottantes, ou encore dans le quartier des plaisirs, Yoshiwara, où les courtisanes vêtues de kimonos étaient des figures de mode. Influence également présente dans les coulisses du théâtre kabuki.
Puis, nous arrivons nez-à-nez avec une photo de Ziggy Stardust, alter ego de David Bowie, enrobé d’un kimono et faisant voisinage avec un autre ayant appartenu à Freddie Mercury. À côté, nous découvrons un modèle revisité par Alexander McQueen, l’un conçu pour Dior par John Galliano, une version robe, ou encore des tenues utilisées dans Star Wars : Episode III – La revanche des Sich…
Un chemin fascinant, où nous redécouvrons autant le kimono que la société japonaise sous un autre œil. Et qui nous fait ressentir tout le travail de recherches, de rencontres et de voyages qui a été nécessaire aux commissaires, pour créer cette exposition envoutante que je vous conseille grandement.
Comment porter le kimono dans la mode actuelle ?
Longtemps associé au luxe, le kimono a, au fil des années, été repensé dans des matières plus abordables comme le coton. S’étant étendu au monde entier, son utilisation s’est glissée principalement dans les vêtements de nuit, en utilisant des tissus satinés. Mais, nous le voyons résister également dans des pièces portées au quotidien, ou comme par-dessus pour la plage.
Les créateurs contemporains l’ont retravaillé, afin de l’adapter à différents styles et cultures. Tant en travaillant les coupes, longueurs, forme des manches, approche de la ceinture, effets de transparence, techniques d’ornement et motifs… En se présentant comme des pièces appartenant autant au dressing féminin que masculin. Nous pouvons observer des kimonos conçus avec des tissus wax, ou bien arborant le motif paisley, d’autres jouent sur un côté plus baby doll avec du tweed rose bonbon. La coupe droite et le croisement des pans avant restent généralement fidèles aux modèles traditionnels. Cependant, les manches sont moins imposantes, et la ceinture modernisée et fine, à l’opposé de l’Obi habituel.
Si le kimono vous envoûte, bonne nouvelle, nous vous en avons déniché quelques-uns sur Modalova !
La veste de kimono courte pour femme
Pièce plus facile à intégrer dans une tenue, les kimonos à coupe courte, viennent se substituer à une veste en donnant du relief à la silhouette et à la tenue.
Le modèle long
Reprenant l’idée de longueur caractéristique de la plupart des kimonos d’époque Edo, les pièces actuelles restent tout de même plus courtes, et surtout très aériennes, à l’image des kimonos d’été qui étaient portés à l’époque.
La veste pour homme
Côté vestiaire masculin, nous observons des coupes principalement courtes et droites. Avec un système d’attache très minimaliste, quand il y en a un. Nous observons certains modèles ajouter les influences asiatiques par des motifs et imprimés, plus qu’en respectant la forme traditionnelle de la pièce.
Le kimono rayon lingerie pour femme
Les pièces respectent souvent le croisement des pans, ainsi que la présence d’un col. Les manches abordent une certaine envergure, plus ou moins fidèle, tandis que la ceinture s’est drastiquement affinée pour plus de sensualité.
La robe de chambre pour homme, inspiration kimono
Les robes de chambre créées tel un kimono sont apparues dès l’export de la pièce au reste du monde. Nous avons eu des mix de cultures ayant donné naissance à ces pièces d’intérieur.
Vous avez jusqu’au 28 mai pour découvrir l’exposition, bonne visite !