Cuir vegan, quelle est cette alternative qui bouscule les codes de la fashion industrie ?
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Avec le changement des mœurs et l’éveil de la conscience collective, le véganisme prend de l’ampleur. Face à cette tendance, le cuir vegan à le vent en poupe. Coup d’œil sur cette alternative éthique qui bouscule les codes de la scène mode.
Avec une requête à plus de 350 000 recherches sur Instagram, le hashtag #veganleather à la cote ! Cette tendance à adopter le cuir végétal s’ancre peu à peu dans un nouveau modèle de consommation. Celui qui vise non plus à acheter compulsivement, mais plutôt à acquérir consciemment des pièces modes cohérentes avec ses propres valeurs.
Si jadis, le végetalisme se concentrait principalement sur l’exclusion des produits animaux dans l’alimentation, il en est tout autre aujourd’hui. Désormais, les personnes dites vegans veulent acheter des vêtements qui correspondent à leurs visions, c’est-à-dire, des habits qui s’inscrivent dans une démarche éthique, responsable et cruetly-free. De leur côté, les marques s’adaptent de plus en plus à cette demande green, et pensent des collections innovantes et végétales.
Qu’est-ce que cette nouvelle tendance cruetly-free ? Comment elle bouscule les codes de la mode ? On vous explique tout sur le cuir vegan.
Non, le cuir vegan n’existe pas
Reprenons les bases, le cuir est un matériau obtenu au moyen d’un processus de transformation de la peau, que l’on appelle le tannage. Si le cuir résulte d’un processus traditionnel et d’un savoir-faire historique, il n’en demeure pas moins pointé du doigt. Avec un marché du textile en constante évolution, de nouvelles tendances émergent. Médiatisé sous le nom de cuir vegan, la dénomination de cette alternative ô combien éthique est pourtant erronée.
En effet, si l’on veut être impartial, consommer du cuir vegan est un amalgame, car par définition, le cuir vegan n’existe pas. Selon le Conseil National du Cuir, « L’utilisation du mot « cuir » […] est interdite dans la désignation de toute autre matière que celle obtenue de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau. » Ainsi, le tannage de cuir végétal, le cuir végétal ou vegan sont des expressions qui font non-sens.
Alors, concrètement, qu’entendons-nous par cuir vegan ?
« Nouveaux cuirs », le point sur ces nouvelles orientations
Partant du principe que le cuir est fabriqué à partir de peau animale, le cuir vegan n’existe pas, car par définition, il exclut toute présence de traces animales (vous nous suivez ?). Par cuir vegan, on entend donc toutes alternatives qui englobent des matériaux de substitution au cuir.
On peut les distinguer en deux grandes catégories :
- Les matériaux synthétiques : plutôt classique, le polyuréthane est la fibre synthétique la plus couramment utilisée pour remplacer la peau animale ;
- Les matériaux végétaux : Ananas, champignons, pommes, lièges ou encore raisins, sont les nouvelles alternatives 100 % organiques au cuir traditionnel. Très en vogue, elles surprennent et constituent un choix stratégique et engagé de la part des marques de la fashion industrie. Le but ? Les extraire de manière à créer une réplique quasi parfaite du cuir, mais sans les inconvénients.
Pourquoi remplacer le cuir animal ?
Longtemps plébiscité pour sa noblesse et le savoir-faire que cela requiert, le cuir traditionnel fait désormais l’objet de critiques. Et c’est dans ce sens que l’émergence d’options végétales séduit.
3 grands axes viennent appuyer le choix des consommateurs vers une alternative plus clean :
- La cruauté animale : contrairement à la production de cuir qui repose sur la tradition l’élevage, le recours aux fibres « green » consiste à exclure toutes formes de traces animales. Selon Peta, ce sont plus d’1 milliard d’animaux qui sont tués chaque année dans des conditions atroces pour servir l’industrie du cuir, incluant vaches, chèvres, chiens, ou chats.
- La pollution environnementale : la présence de produits chimiques dans le tannage du cuir est directement rejetée en eaux usées et se déverse dans les sols. En outre, Greenpeace révèle que 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales résultent de l’élevage du bétail, qui sert à notre alimentation, mais également à l’industrie textile.
- L’éthique humaine : tannées au chrome, les peaux animales sont à la fois nocives pour l’utilisateur comme pour les travailleurs. La tannerie fait d’ailleurs partie des 10 industries les plus nocives pour la santé de l’homme. Ainsi, les pays en voie de développement comme l’Inde ne respectent pas les conditions humaines et exposent les travailleurs à un risque sanitaire élevé.
Véganisme, un marché prospère
Avec l’arrivée du mouvement vegan en France, le marché s’est transformé, s’adaptant toujours plus aux besoins du consommateur. L’industrie du textile n’a pas échappé à la règle, avec pour but d’accompagner le consommateur à consommer éthique. Même si les analyses se font rares, on note tout de même une avancée positive vers ce qu’on peut appeler la mode vegan.
Par exemple, le mouvement Veganuary en janvier dernier, mettant au défi d’adopter un mode de vie à base de plantes pendant un mois a éveillé davantage de consciences. La France par exemple, a connu une croissance de 12 % sur des produits dits « vegans ». Avec comme objectif de devenir la capitale de la mode durable en 2024, la France devrait étendre son offre.
Et le marché du luxe dans tout ça ?
Les maisons de hautes coutures ont un rôle majeur sur la scène mode. Présentées comme des exemples, elles impactent de près ou de loin les changements de l’industrie textile. Pour ce qui est des alternatives au cuir, le constat est en demi-teinte.
Selon Edited, un site d’analyses marketing, seuls 2,3 % des articles « vegans » pour femmes sont présentés sur le marché du Royaume Unis et des USA. Mais ce n’est sans compter l’émergence de ces nouvelles marques contemporaines qui gagnent du terrain afin de construire, la mode de demain.
Cuir vegan, la révolution est en ligne
Même si la croissance demeure timide, on constate une petite révolution sur le marché du cuir traditionnel. Effet marketing ou véritable volonté de changement ? Les marques expérimentent et se prêtent au jeu du cuir vegan.
Les exemples de marques qui prennent le pied de la mode vegan se multiplient. Souvenez-vous, Hugo Boss avait lancé une collection de sneakers 100 % vegan fabriquée à partir de Piñatex, cette fameuse alternative au cuir, en fibres d’ananas. La Basket CONDOR avait elle aussi fait des heureux. Considérée comme la première running « post-pétrole », cette sneaker a été conçue à 53 % à partir de matériaux d’origine et recyclés. Enfin, Stella McCartney, la pionnière de la mode vegan depuis ses débuts en 2001, est une source d’inspiration et de développement pour tous les partisans du véganisme.
Vous l’aurez compris, le marché du cuir vegan est en pleine transition. Même si la partie est loin d’être gagnée, le changement s’opère, les consciences s’éveillent et les marques s’engagent de plus en plus dans une démarche innovante afin de construire collectivement, la mode de demain.
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