Saint Laurent Productions vise les Oscars avec Emilia Pérez
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Fraîchement sélectionné pour représenter la France dans la course aux Oscars, Emilia Pérez, le nouveau film de Jacques Audiard, confirme le pari cinématographique entrepris par Saint Laurent Productions. Retour sur cette parenthèse musicale, sur fond de sujets profonds et costumes à la coupe parfaite.
Saint Laurent Productions, en quête de l’inédit
Que ce soit dans sa démarche d’ouvrir une boîte de production à part entière, ou dans les talents représentés, Saint Laurent semble vouloir se démarquer en cherchant l’inédit. Une quête de singularité également présente dans les sujets traités par les projets auxquels l’entité se joint.
Après avoir accompagné les débuts de Pedro Almodóvar dans le western, avec A Strange Way of Life, Saint Laurent Productions a misé sur Jacques Audiard et sa comédie musicale à la croisée des genres. Un film ambitieux et audacieux, qui a notamment su se démarquer au Festival du film de Cannes, avec une sélection et deux récompenses (prix du jury et prix pour l’ensemble du casting féminin).
Notons, au passage, que la boîte de production avait en tout trois films sélectionnés sur la croisette, avec également Les Linceuls (The Shrouds) de David Cronenberg et Parthenope de Paolo Sorrentino.
Mêlant les genres et les esthétiques, Emilia Pérez continue de se faire une place de choix dans les festivals et dans la saison des cérémonies qui se dessine à l’horizon. Le film du réalisateur français à ainsi été choisi face à Miséricorde, Le Conte de Monte Cristo et All We Imagine As Light pour représenter la France aux Oscars. Il ne reste plus qu’à savoir s’il réussira à s’imposer dans la sélection finale. Pour cela, rendez-vous le 3 mars prochain !
Emilia Pérez, du traffic sur fond de musique
Que le film séduise ou non son public, on ne peut pas lui enlever sa singularité et sa prise de risque. Tant dans sa forme que son propos. Avec Emilia Pérez, Jacques Audiard associe deux univers aux antipodes pour nous plonger dans une réalité difficile à confronter. Celle des cartels et des affaires sombres qui s’y déroulent.
Le cinéaste français réussi, une fois de plus, à façonner des personnages forts, incarnés par un casting brillant. Porté par Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana et Selena Gomez, ce drame chantonnant, aborde à l’écran les thématiques de la transidentité et de la criminalité avec modernité.
C’est par le biais de la comédie musicale que le réalisateur met en avant le parcours de ces femmes, chacune traversant une phase clé de sa vie. Cette croisée des destins met en lumière les forces et faiblesses de chacune, à travers des chansons qui semblent être des cris du coeur.
Bien que grande amatrice du genre musical, la recette n’a pas totalement fonctionné sur moi, mais paraît séduire la majorité des spectateurs. Le mélange des influences esthétiques m’a aussi laissé un peu confuse, mais sera sans nul doute salué !
Entre costumes de scène et de vie
Le travail d’Anthony Vaccarello sur les costumes entre en écho avec le mélange des genres proposé par le film. À savoir, alors que certaines tenues s’ancrent dans le quotidien, d’autres prennent des allures de costumes de scène. Le dressing de Rita Moro Castro (Zoe Saldana) illustre particulièrement bien ce point. Étant avocate, ses tenues constituent pour elle une armure marquant son statut et imposant le respect.
Nous retrouvons ainsi des deux-pièces riches en caractère, tout en abordant des coupes féminines. Son ensemble, d’un rouge intense, crève notamment l’écran lors d’un numéro musical.
Pour Emilia Pérez (Karla Sofía Gascón), le costume est une manière pour elle de renaître une fois son changement de genre et sexe réalisé. Les pièces viennent ainsi épouser son identité et créer visuellement une nouvelle réalité pour elle, mais aussi pour ses proches, qui ne connaissent pas la vérité.
Les costumes de Jessi del Monte (Selena Gomez) permettent de caractériser, d’une part, le milieu auquel elle appartient, puis, d’accentuer sa descente émotionnelle et psychologique. Nous la découvrons, de ce fait, avec un style Mob Wife, qui est peu à peu remplacé par des tenues esprit Party Girl, soulignant son instabilité.
Alors que chaque dressing est pensé selon un personnage en particulier, une vision commune se remarque dans la recherche de pièces mettant en valeur chaque femme. Les coupes, matières, coloris et motifs soulignent les caractères, forces et faiblesses de chacune avec intensité et se marient avec élégance à la mise en scène de Jacques Audiard.
La vision du cinéaste et du directeur artistique d’Yves Saint Laurent nous offre ainsi un beau spectacle visuel, qui mérite totalement sa place dans la course aux Oscars ! Why Not Productions et Page 114 complètent l’équipe.
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Photo cover : © Why Not Productions